5. Utiliser d’autres éléments favorisant le mouvement

Si l'on répertorie les éléments qui favorisent le mouvement, on trouvera en bonne place :

  • les substances liquides, gazeuses ou celles qui, comme le sable, peuvent glisser dès que l'on incline la surface sur laquelle elles sont placées (Pol Bury) ;
  • le vent, pour faire bouger des éléments suspendus (Tinguely), des girouettes regroupées en tableau ou des plastiques fins, des hélices, ou simplement des morceaux de papier aluminium superposés, dont les couleurs différentes vont apparaître et disparaître au gré du vent ;
  • le fil (de nylon ou autre) auquel on suspend ou non des éléments formels (Soto) et que l'on arrête plus ou moins bas dans la surface du cadre, arrêt qui se fait à l'aide d'un système de pinces ou de noeuds; le fil de nylon permet des œuvres placées à l'extérieur (à utiliser aussi de façon figurative) ; ce fil de nylon peut se combiner avec une grande roue pleine de clous auxquels seraient accrochés des éléments formels : en bougeant la roue, on fait bouger la place de ces éléments ;
  • la construction ou sculpture en bois porteuse d'éléments colorés et mobiles, comme l'a réalisée Pol Bury ;
  • la fixation sur un panneau de bois ou de métal des éléments qui tourneront, à plat, autour de leur fixation (on peut ainsi créer un Delaunay mobile ou une composition mobile) (n°6) ;
  • l'accordéon et donc la mobilité des éléments liés en accordéon qui s'étirent suivant que l’on actionne la baguette qui les retient des deux côtés.
  • le circuit avec des boules colorées ;
  • l'espace vide où l'on regroupe des éléments plastiques : un grand cube transparent, rempli de matériaux capables de glisser les uns sur les autres, permettrait de former des configurations toujours nouvelles : si on lui ajoute une paroi aimantée et que les éléments formels sont en métal, chaque configuration nouvelle est immobilisée pendant le temps que l'on souhaite : en ajoutant des cloisonnements, on obtient des compositions plus ordonnées.
  • le kaléidoscope : en construisant d'autres formules de multiplication de la réalité par un jeu de miroirs mobiles (N. Schöffer) ;
  • le store est un objet mobile qui permet aussi des peintures mobiles ; du store on peut passer au rideau et à des surfaces plus ou moins transparentes et colorées qui glisseront, les unes devant les autres, un peu comme certains décors de théâtre ; ce système permet des productions figuratives, peintes sur des films transparents que l'on peut superposer et faire bouger ;
  • les tiges : grâce à des trous fabriqués dans une planche, on peut planter des tiges cylindriques comportant des éléments divers (Agam) ;
  • les cubes sur lesquels on peint de petites peintures, figuratives ou non (fig. 7)
Figures 7

Beaucoup de ces systèmes ont déjà été exploités mais, dans le tissus troué de l'art, déchiré par ceux qui le tirent en avant, on est loin d'avoir exploré de façon systématique tout ce que la mobilité des éléments peut apporter, les premières tentatives ayant été, comme nous l’avons dit, assez rapidement débordées par la mobilité due aux moteurs, à la lumière et aux mécanismes des ordinateurs ou des champs magnétiques. Et ce mouvement brouille quelque peu les accords fondamentaux entre les éléments. De plus, en revenant à des systèmes plus simples, on s'aperçoit que certains d'entre eux peuvent être exploités de façon à créer des images figuratives. C'est pourquoi il ne semble pas inutile d'étudier des systèmes plus élémentaires encore, comportant de simples combinatoires, pour en tirer des leçons plus claires. Car c'est dans la simplicité, la science le démontre amplement, que l'on met le mieux en évidence les propriétés et le potentiel des éléments à étudier. C'est en prenant les couleurs deux à deux que l'on a découvert les lois de contraste simultané. Cette recherche du potentiel des éléments de base est parallèle à celle de l’Oulipo ; elle a commencé à se faire systématiquement dès que, avec l’art abstrait, on a fait retour aux éléments les plus simples.

Les manipulations qui mettent en jeu des éléments permutables sont très souvent enrichissantes, surtout si l'on s'attache à exploiter des œuvres du passé ou le "déjà-là" de l'art moderne et contemporain. Et pour commencer par le plus évident, les permutations d'éléments abstraits ou d'art figuratif rendus abstraits par morcellement.

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