B. Manipulations plastiques

Avec ce dernier exemple, nous sommes donc entrés dans un domaine où la manipulation d’images est première. Vaste domaine, en vérité, car, comme le notait F. Le Lionnais avec sa pertinence coutumière : «le prurit combinatoire exerce ses ravages au-delà du domaine du langage»29. Mais, comme nous venons de le voir, la cohabitation, en matière de manipulations combinatoires, entre pratiques d’écrivains et pratiques de plasticiens repose sur quelques bases communes : la référence à des modèles mathématiques partagés, ainsi que la prise en compte des grandes règles de composition, de cohérence et d’harmonie. A partir de ces bases communes apparaît ensuite, chez certains, la tentation d’aller plus loin, et d’envisager des rapprochements d’un autre genre, plus étroits encore.

C’est précisément un cheminement de ce type qui, on va le voir, est à l’œuvre dans les recherches d’un peintre comme Isabelle Dubosc (qui n’est d’ailleurs pas un cas isolé). Si elle utilise volontiers, dans certaines de ses œuvres, des mécanismes de manipulation, en particulier de permutation, proches des pratiques combinatoires oulipiennes ou directement inspirées de celles-ci, son intérêt se porte aussi vers une alliance plus étroite de sa peinture avec la littérature, ce qui l’amène à proposer des directions nouvelles : une sorte de «poésie spatiale», ainsi qu’une mise en forme plastique de textes oulipiens, comme Ulcérations de Perec ou les Cent mille milliards de poèmes de Queneau.

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